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Fortunes et perditions

by Serre l'Écoute

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1.
La pomme 02:48
Derrière chez nous, il y a-t-une orme, Quand l’herbe est verte, le bois bourgeonne, Tous les mois rapporte une pomme, Quand l’herbe est verte. Quand l’herbe est verte, le bois bourgeonne, Quand l’herbe est verte. Trois jeunes filles cueillant des pommes, La plus jeune est la plus friponne. Elle a mordu dedans la pomme, Elle a v’nue grosse comme une tonne. C’est pour l’amour d’un gentilhomme. Ça t’apprendra, ma p’tite friponne, D’aller au bois avec les hommes Et de boire le jus de la pomme.
2.
Quand j’ai connu la petite jardinière, J’ai vu la rare beauté de ses traits ; Dans son jardin y’a t-une claire fontaine, Je vous le jure qu’elle ne s’tarit jamais. Quand j’ai goûté l’ouvrage de sa nature, Dans son jardin, tout m’a paru si doux, Je lui ai dit : — La belle, je vous le jure, Je voudrais être votre fidèle époux. — Va t’en, pêcheur, va t’en z-à la rivière, Viens pas ici pour y faire ton trompeur, Car si je n’suis qu’une petite jardinière, Je connais trop bien les ruses du pêcheur. Je suis bien jeune et bien gentille, Je peux trouver d’autre’ amants que toi, Va t’en, pêcheur, va t’en z-à la rivière, Tu peux penser z-à une autre que moi. — Si je savais de ne point vous déplaire, Sur ce point-là je vous rendrais raison, Mais j’aimerais pouvoir vous satisfaire En vous offrant de mangér du poisson. — Pour du poisson, j’en suis pas bien friande, Dans ma fontaine, il n’en vient pas beaucoup. J’aime bien la truite, et aussi l’achigan, Principalement, c’est l’anguille qui’est d’mon goût. Quand j’ai connu l’goût d’la belle jardinière, Tout aussitôt j’ai tendu mes filets ; Pensant de prendre une anguille la première, J’ai t-attrapé c’est la tête d’un brochet. Avec d’la peine et aussi d’la patience, Une belle anguille là j’ai retirée, Je l’ai coulée dans sa claire fontaine, Tout aussitôt la belle m’a remercié. Elle a voulu n-en mangér bien trop vite, De ce poisson qui’était fort à son goût, Mais sa fontaine était bien trop petite, L’anguille l’a surmontée tout d’un coup. La belle est venue t-à elle-même, Jetant sur moi ses yeux mourants, Elle me regarda d’un regard extrême, M’a reconnu pour son fidèle amant.
3.
J’avais t-un homme qui était jaloux, Qui était jaloux. ⎯ Beau matelot, enseignez-moi donc Où c’qu’y a d’la poison. ⎯ Montez en haut dessur ces buttes, Vous n-en trouverez, Une tête de serpent maudit, Vous la mouderez. Dans une pinte de vin blanc, Vous la metterez ; Quand ton mari arrivera du bois, Grand soif qu’il aura. Quand son mari arrive du bois, Grand soif qu’il avait. ⎯ Belle Isabeau, verse-moi don’ de l’eau, Verse-moi don’ de l’eau. ⎯ Ce n’est pas de l’eau qu’il vous faut, C’est du bon vin doux. Tandis qu’la belle vidait son vin, Le vin noircissait. Le p’tit enfant qu’est là dans l’berceau, Qui l’avertissait : ⎯ Papa, papa, boivez-en donc pas, Ça vous f’ra mourir. ⎯ Belle Isabeau, boivez-en devant, Boivez-en devant. La belle, pour tromper son mari, Elle s’a fait mourir.
4.
Ah ! c’était un chasseur-e, un chasseur de gibier, Faisait la chasse aux filles, quand c’qu’il peut n-en trouver, Tirez, salvez, beaupré, carabiné, Tirez soldat qui vous carabinera, Par un sergent dans l’île. Faisait la chasse aux filles, […] Il en aperçoit t-une derrière un champ de blé. Il la prend, il l’embrasse, la laissa s’en aller. Quand elle fut sur ces côtes, elle se mit t-à pleurer. ⎯ Ne pleurez point la belle, je vous rattraperai, Soit en gardant vos vaches ou vos moutons l’été. ⎯ Je ne garde pas de vaches ni de moutons l’été, Je n’garde que ma belle-mère qu’est dans son lit couchée. En gardant ma belle-mère, j’conserv’rai ma beauté. Trop tard, beau cavalier, j’suis déjà mariée.
5.
Mon père m’avait fait promett’e De me marier bien richement. Mais z-il a pas tient sa promesse, Z-il m’a marié bien pauvrement. Z-il m’a donné t-un vieillard bonhomme Âgé de quatre-vingt-dix ans, Non pas de me donner r-un homme Âgé ah ! de quinze ou seize ans. Quand j’lui f’rais réchauffer sa ch’mise, Je lui r’donnerais t-en souriant. Mais (non) pas z-à toi, vieillard bonhomme, Je te la donne en réchignant. ⎯ Ah! taise-toi, petite sotte, Tu parles un peu trop hardiment. Quand tu y-étais dessur ton père, Tu y étais bien pauvrement. Tu y-avais de méchantes robes Cousues avec du gros fil blanc. Mais z-à présent, tu y-en a quatre Cousues avec du fil d’argent. Quand c’que tu t’en vas à l’église, Trois de mes gens t’accompagnant, Y’en a un qui porte la badine, Et l’aut’ qui porte tes beaux gants blancs, Et l’aut’ qui porte la baïonnette Pour les faire ranger d’dans ton banc : « Dérangez-vous donc, filles et femmes, Que madame elle rentre dans son banc. »
6.
⎯ Galant, tu t’en vas, pourquoi tu m’abandonnes ? Dis-moi donc pourquoi tu veux m’abandonner ? ⎯ C’est une doux baiser, belle, je voulais te faire, Mais toi, cœur ingrat, tu me l’as refusé. ⎯ Galant, si j’ai manqué, c’t’à toi à me reprendre, Reviens dans mes bras avec sincérité. ⎯ Adieu donc, la belle, je m’en vas t-à la guerre, C’est pour y servir le grand roi tout puissant Voilà [un] commandement, [un] commandement de guerre ; A fallu prendre les armes, a fallu se quitter. S’il faut se quitter, qu’ça nous faize point de peine, Qu’on m’emporte mon sabre et mon joli chapeau. J’ai bien traversé les rivières et les plaines, J’l’ai t-en vérité bien entendu pleurer. Elle a tant pleuré, a tant versé de larmes, Que tout’s les ruisseaux s’en étaient inondés. Mais quand j’ai [é]té en haut, sur la plus haute montagne, Je me suis déviré pour l’écouter chanter. Elle chantait si bien, la voix de ma maîtresse, Je l’ai tant aimée, je l’aimerai toujours. Au bout de sept ans, passant par mon village, J’ai bien aperçu ma charmante maîtresse ; Mon chapeau en main, jetant un genou par terre, Et en lui disant : ⎯ Ne m’reconnais-tu pas ? Si que mes habits avont changé d’pleumage, Mon tendre cœur n’a pas changé d’amour.
7.
La violette 03:04
Quand j’étais chez mon père, petite Jeanneton, M’envoie t-à la fontaine, pour pêcher du poisson. La violette, dondaine, La violette, dondé. La fontaine est profonde, me suis coulée r-à fond. Par ici, il y passe trois cavaliers barons. Ils m’ont demandé : ⎯ Belle, pêchez-vous du poisson ? ⎯ Nenni, répondit-elle, je suis coulée r-à fond. ⎯ Quoi donneriez-vous, belle, qu’on vous tir’roit du fond ? ⎯ Tirez d’abord, dit-elle, après c’la nous verrons. Quand la belle fut tirée, elle s’en fut à la maison. S’assoit près d’la fenêtre et compose une chanson. ⎯ Ça n’est pas ça, la belle, que nous vous demandons, Mais votre petit cœur-e, savoir si nous l’aurons ? ⎯ Mon petit cœur, dit-elle, n’est pas pour un baron, Mais pour un militaire, qui’a d’la barbe au menton. Mais pour un militaire, qui’a d’la barbe au menton. Le képi sur la tête et l’épée au ceinturon.
8.
Le long d’un bois je m’y promène, Le long d’un bois je voyageais. Dans mon chemin j’ai rencontré, Oh ! j’ai bien rencontré ma mi’onne, Oh ! j’ai bien rencontré ma mi’onne Une autre amant à son côté. Là je lui dis : — Charmante blonde, Tu-l n’as plus d’amitiés pour moi. Tu-l n’as plus d’amitiés pour moi Après m’avoir fait tant d’promesses, Tu-l n’as plus d’amitiés pour moi Après m’avoir promis ton cœur. La bell’ qui avait le cœur tendre, Les larm’s i furent coulér des yeux. Moi qu’est garçon si généreux, Tout aussitôt je m’approchis d’elle, J’ai mis ma main sur ses genoux : — Petit cœur doux, reconsolez-vous. — Comment veux-tu j’me reconsole Plusqu’à la guerre il fau’ y-aller ? Plusqu’à la guerre il fau’ y-aller, Oh ! qu’alle est belle à gouvarner Avec les garçons z-et les filles Lorsqu’il faut changér nos amitiés. — J’ai t-un petit voyage à faire Cinq ou six mois, au plus z-une an. Cinq ou six mois, au plus z-une an, La bell’ si tu-l voudrais m’entendre, Si je reviens dans quelques jours, Tous deux ’ccomplirons nos amours. La belle a bien v’nu me conduire Jusqu’à bord de l’embarquement. — Mettez vot’ pied sur le vaisseau, Mais tout le long de la rivière. Quand ç’a venu pour dire adieu, Tous deux avaient les larme’ aux yeux. La bell’ se renferm’ dans sa chambre, Nuit et le jour fait que pleurer. Nuit et le jour fait que pleurer En regrettant le seul que son cœur aime, Nuit et le jour fait que pleurer. En regrettant son bien-aimé.
9.
La ville de Paris, grand Dieu qu’alle est jolie, Alle est jolie et parfaite en beauté, Bonapare, il faut l’attaquer. Bonapare fit envoyer oh ! y-un de ses gendarmes : ⎯ Grand général, Bonapare m’[a] envoyé Si vous voulez se rendre à lui. ⎯ Tu y-es qu’un insolent de parler de la sorte. Va-t-en lui dire que je m’en fous de lui Autant le jour comme la nuit. Bonapare a fit donner son signal-e de guerre. Au premier coup que Bonapare a tiré, La ville de France en a tremblé. Tou’ les dames de la ville montèr’nt sur les remparts-e : ⎯ Grand général, apaisez vos canons, Cent écus d’or vous donnerons. ⎯ Cent écus d’or, mesdames, ne sont qu’une bagatelle. Nous turerons les petits et les grands, Nous prenderons l’or et l’argent. Bonapare a fit greyer tou’ ses armes de guerre. Au dernier coup que Bonapare a tiré, Oui la victoire ‘i a été donnée.
10.
L'Arménie 03:45
Du temps que j’allais voir les filles, Des blondes, des brunes, j’en manquais pas. J’allais les voir de tour à tour, En vidant ma bouteille, Les filles m’ont tant joué de tours Que j’ai t-ambandonné l’amour. Si que l’amour prendrait racines, Dans mon jardin, j’en planterais. J’en planterais aux quatre coins, En vidant ma bouteille, J’en ferais part à tous mes camarades Qui n’en ont pas. Mais que l’amour prend pas racines, En Arménie, je m’en irai. Je m’en irai en Arménie Au pied mais de ce vieux rocher, Ma nourriture sera d’herbage Et ma liqueur sera mes pleurs.
11.
Jeannette 02:55
Le p’tit bonhomme s’en r’vient du bois avecque sa serpette, Trouva sa femme au coin du feu avec un prêtre, Oh ! Jeannette, si tu le veux, je le veux. ⎯ Mais qui c’est donc ce beau monsieur là, oh ! dis-moi donc Jeannette ? ⎯ C’est mon p’tit cousin Nicolas qui r’vient d’la messe. Oh ! Jeannette… ⎯ Mais quoi c’est donc qu’i va manger, oh ! dis-moi donc Jeannette ? ⎯ Il mangera des pigeons blancs, des alouettes. ⎯ Et moi, quoi c’est que j’vas manger, oh ! dis-moi… ? ⎯ Tu mang’ras du pâté chinois et du pain sèque ! ⎯ Mais où c’est-donc qu’i va coucher […] ? ⎯ Il couchera dans mon lit blanc et moi avecque. ⎯ Et moi où c’est que j’vas coucher […] ? ⎯ Tu coucheras dans l’écurie avec nos bêtes. ⎯ Mais à quoi c’est que j’vas r’ssembler […] ? ⎯ Tu r’ssembleras [à]un grand chevreu’, les cornes en tête ! ⎯ Mais que diront tous mes parents […] ? ⎯ Il te diront coucou, cocu, cornard et bête !
12.
Le jour de l’Assomption, cet malheureux enfant Quittait de la maison comme un glouton, Quittait de la maison sans aller t-à la messe, S’en va t-au cabaret s’enivrer de boisson. Après c’qu’il a y-eu bu pour ça c’qu’i’avait d’l’argent, Il s’en retourne tout droit à la maison. S’en va dire oh ! à son père : ⎯ Lève-toi tout à l’heure, Donnez-moi de l’argent sans tarder un moment. Son père qui le voyait parler si brusquement, Lui dit : ⎯ Mon fils tu n’es qu’un débaucheur ! Le malheureux enfant, qui était plein de rage, Par un coup de couteau mit son père au tombeau. Sa mère qui le voyait z-a lui dit : ⎯ Mon enfant, Maudit soit l’heure de t’avoir élevé ! Le malheureux enfant qui a tué son père, Marite dessur le ciel un crime aussi méchant. Z-il l’a bien regardée tout en grinçant des dents : ⎯ Retire-toi, t’en arriv’ra autant ! Par un coup de couteau, lui a donné t-à la gorge, Z-il l’a bien étranglée sans ’n’avoir y-eu pitié. Sa sœur qui le voyait z-a lui dit : ⎯ Mon cher frère, Apaise-toi pour l’amour du seigneur ! Apaisez votre courroux, songez que la justice Va très brillamment pour punir les méchants. ⎯ Oh ! non, je ne crains pas la mort en ce moment, Car il faut tous mourir semblablement. Par un coup de couteau lui a donné t-à la gorge, Z-il l’a bien étranglée sans ’n’avoir y-eu pitié. Après d’avoir commis cet crime aussi méchant, Il s’empara de l’or et de l’argent. A été s’engager sus un brave capitaine, Croyait de s’engager pour être chevalier. L’capitaine lui répond : ⎯ J’t’engagerai pas dans ce moment, P’t-être tu nous zy-occasionneras du tourment ; P’t-être tu n’zy-occasionneras quelque triste désordre, Avant de t’engager, de toi j’vas m’informer. L’enfant baissa les yeux et respondit en pleurs : ⎯ J’ai tué mon père, ma mère, aussi ma sœur ! J’ai marité mon crime, la mort la plus cruelle, Soit le cœur-e tranché ou de le faire brûler.
13.
Dessus le pont de Nantes, La Nation fit crier D’y aller voir mon maître Qui est dans la prison, ah ah, Qui est dans la prison. ⎯ Bonjour, geôlier, bonjour, Donnez-vous permission D’y aller voir mon maître Qui est dans la prison, ah ah, Qui est dans la prison ? ⎯ Entrez, beau gars, entrez, N’y restez pas longtemps : Dans un quart d’heure d’ici, La justice va venir Pour juger votre maître Qui est dans la prison, ah ah, Qui est dans la prison. ⎯ Bien bonjour, mon maître, Comment vous portez-vous ? ⎯ La santé ça va bien, L’on doit me guillotiner, ah ah, L’on doit me guillotiner. ⎯ Prenez ma robe blanche, Donnez moi votre habit ; Quand vous s’rez dans la ville, Marchez modestement, Quand vous s’rez hors de la ville, Vous march’rez à grands pas, ah ah, Vous march’rez à grands pas. Non, Monsieur le Juge, Vous n’avez pas raison : Vous faites mourir une fille Sous l’habit d’un garçon, ah ah, Sous l’habit d’un garçon. ⎯ Puisqu’elle est une fille, Faites la visiter Par les dames de la ville Qui disent la vérité, ah ah, Qui disent la vérité. Puisque vous êtes une fille, Dites-moi votre nom. ⎯ Mon nom, c’est Marguerite, Marguerite c’est mon nom, Fille d’un gentilhomme Rempli de conditions, ah ah, Rempli de conditions. Dessus le pont de Nantes, Un bal fut annoncé : Fêter la réjouissance De mon maître acquitté, ah ah, De mon maître acquitté.
14.
Beau Faluron 02:54
Par derrière chez ma tante, lui ya t-un bois joli, Le rossignol y chante, et le jour et la nuit, Beau faluron, ma dondaine, Oh gai ! faluron, et madondé. Le rossignol […] Il chante pour ces belles qui n’ont point de mari. Il ne chante pas pour moi, non, car j’en ai t-un joli. Il n’est point dans la danse, il est bien loin d’ici. Il est dans la Hollande, les z-Hollandais l’ont pris. ⎯ [Oh !] quoi donneriez-vous belle, qu’on l’amènerait ici ? ⎯ Je donnerais tout Rennes, Paris et Saint-Denis, Et la claire fontaine de mon jardin joli.
15.
Derrière chez nous ya-t-un bateau, Le capitaine tomba malade, Toutes les dames sont rassemblées Pour s’en aller voir ce malade. Il n’y a qu’la belle Isabeau, Son père i’ voulait pas qu’a y-alle, Mais quand son père fut endormi, La belle s’en fut voir ce malade. — Beau matelot, mon bel ami, Mangeriez-vous pas de la soupe ? — Si fait, si fait, belle Isabeau, Pourvu qu’ce soit vous qui m’la chauffe. — Beau matelot, mon bel ami, Mangeriez-vous pas du fromage ? — Si fait, si fait, belle Isabeau, Pourvu qu’ce soit vous qui m’le coupe. — Beau matelot, mon bel ami, Mangeriez-vous pas une pomme ? — Si fait, si fait, belle Isabeau, Pourvu qu’ce soit vous qui m’la donne. La pomme fut pas demi mangée Que le bateau a mis les voiles ; La pomme fut pas toute mangée Qu’il est déjà cent lieues sur mer-e. — Beau matelot, mon bel ami, Il est grand temps que je m’en aille. — Oh ! non, z-oh ! non, belle Isabeau, Vous êtes à cent lieues d’chez vot’ père. La belle s’arracha les cheveux, Se jeta le visage par terre : — Mon père me l’avait toujours dit Que je serais fille perdue. — Fille perdue vous n’êtes pas, Vous êtes la mariée, Fille perdue vous n’êtes pas, Car vous êtes la mariée. La nuit vous couch’rez avec moi, Le jour vous serez batelière, Vous garderez tous mes trésors, Vous s’rez madame la trésorière.

about

En produisant notre premier album, consacré aux chansons à thème maritime (Chansons des bords du Saint-Laurent, autoproduit en 2002), nous avions annoncé que nous ne nous réduirions sans doute pas à ce seul aspect du répertoire. Nous l’avions dit, nous l’avons fait : après quatre ans de croisière, Serre l’Écoute a mis le cap sur la côte, amarré le navire, et emprunté des routes plus terrestres. Oh ! la mer et les bateaux ne sont parfois pas très loin, mais ils ne sont plus le centre de notre propos. Ce qu’il en reste ne fait qu’illustrer l’universalité du thème que nous avons décidé d’explorer dans ce deuxième album : celui de la destinée, au fil des rendez-vous avec la fortune, bonne ou mauvaise, et des errances vers des destins plus ou moins heureux. La palette poético-musicale explorée va du rire aux larmes, de la moquerie au lamentable, des amoureux transis aux cadavres sanguinolents. Ces histoires de fortunes et de perditions ne sont qu’un échantillon de tout ce qu’on peut trouver dans le répertoire autour de ces deux pôles majeurs de la chanson comme de la vie : l’amour et la mort, Eros et Thanatos, omniprésents dans l’histoire de l’humanité, et par conséquent dans les histoires en chanson !
* * *

Toutes les pièces de cet album sont issues de la tradition orale. La plupart ont été collectées par Robert Bouthillier, Vivian Labrie et/ou Gabrielle Bouthillier, essentiellement en Acadie et au Québec, sauf une qui vient de l’île de La Désirade en Guadeloupe. Pour les autres, trois proviennent des recueils de Marius Barbeau, et une dernière a été publiée dans un recueil de chansons du Val-de-Loire en France. Que le texte choisi soit une version retravaillée, ou qu’il respecte intégralement le document d’origine, nous indiquons bien sûr les sources de chacune des chansons que nous proposons dans le programme de ce CD. Les versions orales tirées de la collection Bouthillier-Labrie [ci-après RBVL] sont toutes consultables aux Archives de Folklore de l’Université Laval (AFUL). Pour celles et ceux qui veulent consulter d’autres versions de ces chansons, nous indiquons également, à la suite du commentaire de présentation, les identifications aux catalogues, titres et cotes, de Conrad Laforte (Le Catalogue de la chanson folklorique française, Québec, P.U.L., 1977-1987, 6 vol., ci-après CL) et de Patrice Coirault (Répertoire des chansons françaises de tradition orale, Paris, BnF, 1996-2006, 3 vol. parus, ci-après PC).

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released April 19, 2013

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Liette Remon Québec

LIETTE REMON, originaire de Petit-Pabos sur le côté sud de la péninsule gaspésienne et fille de violoneux, oscille avec bonheur entre tradition, renaissance, moyen-âge et musique expérimentale. Elle est récipiendaire en 2010 du prix Innovation/Tradition qui vise particulièrement à souligner l’innovation et l’originalité dans la présentation publique d’une pratique culturelle. ... more

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