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Chansons des bords du Saint​-​Laurent

by Serre l'Écoute

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1.
C'est sur les bords du Saint-Laurent, Pi pan pan, c'est l'amour qui la prend, C'est sur les bords du Saint-Laurent, Y'avait trois jolies filles, Y'avait trois jolies filles. (bis) S’en vont le soir s’y promenant, (bis) Tra la la la la, tout le long de la rive, là, Tra la la la la, tout le long de la rive. La plus jeune en s'y promenant […] Aperçoit un navire : — Arrive, arrive, beau bâtiment, Te souhaite bonne arrive. Si mon ami il est dedans, Encore meilleure arrive. * N'avez-vous pas vu mon amant Dans ce joli navire ? * Oui je l'ai vu, j'lui ai parlé, Il est resté aux îles. Aux îles de Saint-Nicolas, Où l’on marie les filles. Où l’on a marié ma sœur, Ma sœur et ma cousine. Quand la belle [a] entendu cela, Elle tombe au lit malade. On fit venir le médecin Le meilleur de la ville. Le médecin en la voyant Connut sa maladie : * Mariez-la car il est temps, La belle sera guérie. En entendant le médecin, La belle se mit à rire. C'est sur les bords du Saint-Laurent, Y'avait trois jolies filles.
2.
Sur l’assurance de l’Île Blanche, Trois jours trois nuits j’ons ‘té mouiller. Et quand ça vint sur les onze heures, Sur les onze heures du midi, J’ons dit : — Amis, faut lever l’ancre Et aussi bien appareiller. Et quand j’avons arrivé au large, J’ons t-aperçu au d’vant de nous, J’ons t-aperçu un gros navire Qui porte pavillon flamand, Nous savons pas s’il est en guerre Ou si c’t’un bâtiment marchand. Le capitaine de ce gros navire S’a t-écrié d’un air guerrier : — Amène, amène, aussi amène Ta chaloupe en dehors Que je visite dans ton navire Et que j’te donne ton passeport. Le capitaine de ce p’tit navire S’a t-écrié d’un air guerrier, Il lui a dit : — Viens-y toi-même Si tu veux nous visiter, Là tu voiras dans mon navire Ce qu’il y a de préparé. La première décharge qu’on leur donne, Ce fut soixante coups de canon. On n’y voyait que feu, que flamme Prendre du derrière jusqu’en avant, Tous ces boulets et ces gornades Nous les ont fait couler à fond.
3.
On l-a fait faire un beau navire, C’est sur la mer pour naviguer, C’est sur la mer pour naviguer. (bis) On l-a bien ‘té sept ans sur mer-e Sans jamais la terre aborder. Au bout de la septième année, Les provisions nous ont manqué. On a mangé tou’ les souris-e, Jusqu’aux quartiers de nos souliers. Faullut tirer la courte paille Lequel de nous serait mangé. La plus courte a [a]rrivé au maître, Le maître s’a mis t-à pleurer : Il appela Ti-Jean son page : — Tu vas monter dans ce hunier. Il fut pas sitôt dans la hune, S’a mis t-à rire et à chanter. — C’est-i’ ma mort qui te fait rire Et qui te fait si bien chanter ? — Oh ! non, z-oh ! non, courage, mon maître ! Je vois la terre de tous côtés, Je vois les tours de Babylone, Je vois les pigeons voltiger, Je vois les moutons dans la plaine, Trois bergères sont à les garder. Les trois filles de not’ capitaine Qui nous préparent un souper. Si je remets le pied sur terre, La plus jeune je l’épouserai. Et si jamais j’retourne sur mer-e, Avec moi je l’emmènerai
4.
C’est dans la ville de Bordeaux, Sont arrivés trois grands vaisseaux, Les matelots qui sont dedans, Ce sont de fort jolis enfants Pour y faire ababoum, Araboum et lauraboum. À Bordeaux, la femme du président De tout l’hiver s’était tenu céans. — Allez donc, ma servante, me quri Le matelot le plus joli Pour me faire ababoum… Ils ont fait une collation Qu’a duré trois jours et trois nuits. Au bout de la troisième nuit, Le matelot, l’ennui l’a pris À y faire ababoum… — Madame, donnez-moi mon congé, Le vent est bon, j’veux m’en aller. Cent écus d’or lui a comptés Pour qu’il les boivent à sa santé Et lui r’faire ababoum… Le matelot part en chantant, S’en va rejoindre son bâtiment : — Grand Dieu ! que j’ai eu d’l’agrément Avec la femme du président À y faire ababoum… Le président qui était là Entendit bien ce discours-là : — Beau matelot, mon bel ami, Répète-moi don’ c’que tu as dit : Qui a fait, ababoum… ? — Ce que j’ai dit, j’le dis souvent, Qu’après l’hiver, c’est le printemps, Et qu’passé les chaleurs d’l’été, Les fleurs du pommier vont tomber À y faire ababoum…
5.
Que faire si amour me laisse ? Jour et nuit, ne penser qu’à lui. Que faire si amour me laisse ? Nuit et jour, ne puis dormir. Quand je suis la nuit couchée, Me souviens de mon ami. Aussitôt je m’y levai-e Et pris ma robe de gris. Passai par la fausse porte, En un jardinet entris. J’ouïs chanter l’alouette Et le rossignol joli, Qui disait en son langage : — Voici mes amours venir. En un beau bateau sur Seine Qui est couvert-e de sapin, Les cordons en sont de soie Et la voile en est de satin, Le grand mat en est d’ivoire, L’estournay en est d’or fin, Les mariniers qui le mènent Ne sont pas de ce pays. L’un est fils du roi de France, Il porte la fleur de lys, Et l’autre est celui d’un prince, Celui-là, c’est mon ami.
6.
Ce sont les filles de la France Qui fait bâtir un navire, Qui fait bâtir un navire Pour aller à Lorient, Non, non, non, non, je n’ai pas de maîtresse, Je passe mon temps gaiement. Les cordages sont des soieries, Les poulies sont des guéments, La grand voile est de dentelle Et la misaine de satin blanc. Le capitaine de ce navire, C’est le fils d’un lieutenant, Il aperçoit une fillette Qui pleurait sur ces haubans. — Regrette-t-il père et mère Et ou quelqu’un de vos parents ? — Je regrette mon petit frère Qui est parti sur l’Île-au-Vent. Il est parti sus l’vent d’arrière, Il reviendra sur l’eau veillant, Il ira jeter son ancre Dans les havres des orphelins.
7.
Chez nous on l-avait fille que moi, (bis) Encor sur la mer ils m’envoient. Lam tl la di dl la dl lam tl la di dl lam Dam da dl la dl li dam. Le moulignier qu’il m’y menait, Il devint amoureux de moi. À chaque mot qu’il me disait, Disait : — Ma mie, embrassez-moi. — Nânni, monsieur, je n’oserais Car si mon père le savait, Fille abattue ça serait moi ! — Mais qui c’est donc qui lui dirait ? — Ce sont les oiseaux de ces bois. — Les oiseaux du bois parlont-ils ? — Ils parlent français, latin aussi, Ils parlent comme ils ont appris. — Hélas que le monde est malin D’apprendre aux oiseaux le latin.
8.
Ce sont les filles de La Rochelle Qui veulent apprendre à naviguer, Qui veulent apprendre le pilotage, Cela n’était pas leur métier. La plus jeune a dit à ses sœurs-e : — Mes sœurs, nous faudrait un amant Qui connaîtrait le pilotage, Qui connaîtrait les airs du vent. La belle a fait carguer ses voiles, Fait filer son pavillon blanc : — Il nous faut aller mouiller l’ancre En l’honneur de ces bons enfants. Elles n’eurent pas sitôt mouillé l’ancre Que la belle se mit à pleurer : — J’ai beau pleurer, verser des larmes, Tout ça ne servira de rien. La cale de mes lignes est perdue, Mon joli compas n’marque plus, Ce sont les gens de La Rochelle, Ils ont tous passé par dessus, Ils ont bien fait couler les barques Jusqu’au fond, qu’on n’les voyait plus.
9.
Quand j’ai parti de l’Île-aux-Loups, Je m’y croyais fort bien sauvé. Le vent du nord s’est élevé, C’était une tempête, Qui nous a t-emmenés À cinq cents lieues sur mer-e. Ça fait déjà presque trente ans Que je suis sur ces bâtiments. J’ai jamais craint ni Dieu, ni diable, Ni sur eau ni sur mer-e, C’est bien la première fois Que les vents m’sont contraires. Ça fait déjà presque trente ans Que j’ai pas eu d’saint sacrements. Si j’avais pas jeté r-à l’eau Mon très saint scaspulaire, J’s’rais pas rendu ici À mourir sur la mer-e. Quand vous serez rendus au quai, Pavillon noir vous l-hisserez. Vous laisserez ce bâtiment S’en aller r-à la d’rive, Vous direz à ma femme Qu’elle n’a plus de mari-e. Quand vous serez pour m’enterrer, Pavillon noir vous l-hisserez. Vous chanterez à haute voix La mort du capitaine Qui est mort sur la mer Dessus ces eaux mortelles. C’est pas ma mort que je regrette, Bien d’aut’ que moi la regretteront : Ce sont mes pauv’ petits enfants Qu’ils diront à leur mère : — Ma mère, ma très chère mère, Nous n’avons plus de père.
10.
À Saint-Malo, beau port de mer, (bis) Trois beaux navires sont arrivés. Nous irons sur l’eau, nous irons nous promener, Nous irons jouer dans l’île. Chargés d’avoine, chargés de blé. Trois dames s’en vont les marchander. — Marin, marchand, combien ton blé ? — Je le vends six sous la pochée. — Ce n’est pas cher si c’est bon blé. (bis) — Montez, mesdames, vous le verrez. Les rigondins, la zigue zigue zigue, Les rigondins, la zigue, zigue zo. La plus jeune eut le pied léger, Dedans la barque elle a sauté. Mais quand la belle fut embarquée, (bis) Le beau navire, tra la délira, Le beau navire a démarré. Et la belle se mit à pleurer. — Qu’avez-vous, la belle, à pleurer ? — C’est qu’j’entends ma mère m’appeler Et mes petits enfants pleurer. J’entends bien tourner la meule Du moulin quand tout va bien. — Taisez-vous, la belle, vous mentez, (bis) Jamais d’enfants n’avez portés, Belle, j’entends bien […] S’il plait à Dieu, vous en aurez, Et ce sera d’un marinier.
11.
Je plains le sort des mariniers Qui vont voguer dessur ces ondes. Pour moi je vis sans allégresse, Et moi je vis sans réconfort, Et je crois bien que ma maîtresse Me souhaite rien que la mort. Oh ! son père m’avait toujours dit Que je l’aurais t-en mariage. Mais il a changé de langage Sachant que j’étais marinier, Il me trouve pas assez riche Pour une si rare beauté. Z-oh moi bon marinier je suis, Je m’en irai voguer sur l’onde. Il y aura ni parent ni prince Capable de m’en empêcher, J’m’y ferai bâtir un corsaire, Dessur ces eaux j’irai voguer. Mais quand nous furent cent lieues sur mer, Cent lieues t-éloignés du rivage, Nous aperçurent un gros navire Portant son pavillion flamand, Nous n’savions pas s’il était corsaire Ou si l’navire était marchand. Le capitaine montit z-en haut, Regardit dans sa longue vue. Il s’écria : — Z-enfants, courage ! Ce sont des Turcs assurément ! Il faut carguer nos basses voiles Et nous défendre vaillamment. On a mis la chaloupe à l’eau Pour mieux jouer la mousquèterie. Mais Dieu n’a pas voulu permette, Grand vent du nord s’est élevé, Si vous aviez vu ces canailles, C’était comme des vrais enragés !
12.
C’est une petite jardinière Qui voulait traverser l’eau, Elle voulait passer la rivière Mais elle n’a pas de vaisseau. — Embarquez dans mon corsaire, Belle, je vous traverserai l’eau, Je vous passerai la rivière, Belle je vous traverserai l’eau. (bis) Quand la belle fut dans le large, Le vent s’a mis t-à venter, On entendait gronder l’orage, La mer a v’nue surmontée. Le vaisseau fait la galance, Il a presque renversé. La belle a perdu connaissance De se voir dans le danger. (bis) Je ne savais plus quoi faire Quand j’m’ai vu dans l’embarras ; J’ai usé mon savoir faire Pour me tirer d’embarras. Son cœur froid comme une glace, Elle ne pouvait plus parler, Son corsage je lui délace Afin qu’elle puisse soupirer. (bis) Mon malheur, je l’ai dans ma poche, C’est un p’tit flocon de vin. Je le prends, je le débouche, J’lui fais sentir le bouchon. Ses doux yeux prenant lumière, Elle me regarde en souriant, Elle prend ma main, elle me la serre, Elle m’embrasse si tendrement. (bis) Adieu donc, mon équipage, Ma maîtresse a trépassé, Faut l’emmener sus son père, C’est pour la faire enterrer. Quand sa mère a vu sa fille, Elle a tombé évanouïe, C’était de voir sa pauvre fille Morte à bord-e d’un vaisseau. (bis)
13.
On est parti l’vingt-cinq d’avri’, L’vingt-cinq d’avri’ après midi, On est parti en vaisseau de guerre Pour aller naviguer sur mer-e. On n’a pas fait cent lieues sur mer Qu’on entendait tirer canon — Retirez-vous toutt’ en arrière Car le malheur est trop sévère. Le capitaine fut demander : — Y’a t-i q’qu’un d’nos gens de blessé ? — Ah ! oui, ah ! oui, beau capitaine, Le goronneur a été blessé-e. Le capitaine fut demander : — Auriez-vous regret de mourir ? — Le seul regret que j’aurais dans ce monde, C’est de mourir sans revoir ma blonde. — Ta blonde on l’enverra chercher (bis) Par trois soldats de la marine Qui sont ici sur notre navire. D’aussi loin qu’il vut venir sa blonde, Son petit cœur cherche à sourire. — N’approchez pas trop proche, ma blonde, Car mes blessures sont trop profondes. — J’engagerai jupes et jupons, Ma bague d’or, mon ceinturon, J’engagerai ah ! ma plus belle ceinture, Galant pour guérir tes blessures. — N’engage rien de ton butin, N’engage rien de tes habits, N’engage rien pour moi dans ce monde Car je m’en vais dans l’autre monde. Avant qu’il soit vendredi nuit Vous verrez mon corps enseveli, Vous le verrez porté en terre Par quatre officiers de l’Angleterre.
14.
Derrière chez nous ya-t-un bateau, Le capitaine tomba malade, Toutes les dames sont rassemblées Pour s’en aller voir ce malade. Il n’y a qu’la belle Isabeau, Son père il voulait pas qu’a y-alle, Mais quand son père fut endormi, La belle s’en fut voir ce malade. — Beau matelot, mon bel ami, Mangeriez-vous pas de la soupe ? — Si fait, si fait, belle Isabeau, Pourvu qu’ce soit vous qui m’la chauffe. — Beau matelot, mon bel ami, Mangeriez-vous pas du fromage ? — Si fait, si fait, belle Isabeau, Pourvu qu’ce soit vous qui m’le coupe. — Beau matelot, mon bel ami, Mangeriez-vous pas une pomme ? — Si fait, si fait, belle Isabeau, Pourvu qu’ce soit vous qui m’la donne. La pomme fut pas demi-mangée Que le bateau a mis les voiles ; La pomme fut pas toute mangée Qu’il est déjà cent lieues sur mer-e. — Beau matelot, mon bel ami, Il est grand temps que je m’en aille. — Oh ! non, oh ! non, belle Isabeau, Vous êtes à cent lieues d’chez vot’ père. La belle s’arracha les cheveux, Se jeta le visage par terre : — Mon père me l’avait toujours dit Que je serais fille perdue. — Fille perdue vous n’êtes pas, Vous êtes la mariée, Fille perdue vous n’êtes pas, Car vous êtes la mariée. La nuit vous couch’rez avec moi, Le jour vous serez batelière, Vous garderez tous mes trésors, Vous s’rez madame la trésorière.
15.
Nous sommes partis de Toulon Trois gros navires du roi Bourbon, Dans le dessein d’aller croiser Sur les côtes d’Espagne, À Lisbonne nous avons mouillé En attendant l’escadre. Mais nous furent pas sitôt mouillés, Qu’il a fallu s’appareiller, Fallut mettre Foudrion z-au vent, Grand voile et la misaine, C’est pour aller en faction Mouiller d’vant Carthagène. Toute la journée marchant grand train En poursuivant notre chemin, Grand vent du nord s’est élevé, La tempête et l’orage Qui nous ont bientôt repoussés À cinq cents lieues au large. Le lendemain au point du jour, On voit venir tout droit sur nous Cinq ou six gros navires anglais, Venant comme une foudre Et qui croyaient à toutt’ moment De nous réduire en poudre. Nous les avons bien espérés Sur nos basses voiles carguées, Ils ont pas voulu commencer, La chose en est étrange, Ce sont nos canons de 36 Qu’ont commencé la danse. Notre combat a bien duré Trois jours, trois nuits sans décesser, On voyait les boulets rouler D’un bâtiment z-à l’autre, Nos marins n’aviont jamais vu Combat semblable au nôtre. Pour ajuer notre affliction C’qu’on voit venir comme des lions : Quatre-vingt-dix vaisseaux anglais, Venaient tout en furie, Ils ont lâché sur notre bord Toutes leurs batteries. Ils ont tiré cent coups d’canon Sur notre grand mât d’artimon, La grand vergue et tous ses huniers Criblés par la mitraille, Dessus le pont, tout est tombé, Les voiles et les cordages. En nous voyant tout démâtés, Nous ne pouvons plus résister. — Allons garçons, faut amener Pavillon d’assistance, Car nous sommes bien trop éloignés De la terre de France. Tout aussitôt l’pavillon bas, C’qu’arrivent à bord deux officiers Venant de la part des Anglais, Faisant grand révérence : — C’est donc vous, mon sieur les Français, Qu’ils nous font résistance. — Ah ! oui, ah ! oui, nous le savons Mais c’est avant qu’nous nous rendions. Donnez-vous la peine de monter, Dans ces plus hautes chambres, Vous parlerez au général Qui est là pour vous entendre. Le capitaine s’est écrié : — Que l’on m’emporte mon porte-voix, Que l’on m’emporte mon porte-voix Que j’publie ma sentence : Oh ! r-adieu donc, cher Foudrion, Tu y-es plus pour la France !
16.
Dans mon chemin rencontre, Yes for the right, for the right in all a day, Dans mon chemin rencontre Une fille qui pleurait. Je lui demandis : — Belle, Quoi [a’]vous à tant pleurer ? — Je pleure mon anneau d’or-e Dans l’eau z-il a tombé. — Quoi donneriez-vous, belle, Si j’irais vous l’chercher ? — Un baiser sus vot’ bouche Ou deux si vous l’voulez. La galant s’y dépouille, Dans l’eau z-il a plongé. À la première plonge, Il n’a rien rapporté. À la deuxième plonge, L’anneau d’or a sonné. À la troisième plonge, Le galant s’a noyé. Sa mère qui est aux écoutes, A s’a mis t-à pleurer. — J’écrirai t-en France Qu’mon garçon s’a noyé Pour l’amour d’une fille Qu’il voulait épouser
17.
Brave soldat revenant de l’armée, (bis) Sur son chapeau, Maintenant, maintenant, maintenant, Sur son chapeau, il portait une rose. — Brave soldat, donnez-moi donc vot’ rose, — Je t’la donnerai si tu serais ma mie. — Brave soldat, demandez t-à mon père. — Sire le roi, donnez-moi votre fille. — Brave soldat, tu l’auras pas, ma fille, T’as pas valant la coiffure de ma fille. — J’ai bien valant sa robe et sa coiffure J’ai trois vaisseaux sur la mer qui naviguent. L’un chargé d’or et l’autre de soierie, Et le troisième pour promener ma mie. — Brave soldat, oui, tu l’auras, ma fille. — Sire le roi, je vous en remercie, Dans mon pays, y’en a de plus jolies.
18.
— Oh ! r-adieu donc, ma Catin tout à bon, Je m’en vas quitter le canton, Je m’en vas naviguer sur ces bras de mer, Oh rare beauté, je revienderai, Je revienderai, je t’épouserai Si tu veux t’embarquer avec moi. —Oh non ! pour embarquer avec toi, Je crains trop les flots de la mer, Je crains de mourir, je crains de périr, Dans le fond de mon cœur, je crains de mourir, Oh non ! pour embarquer avec toi, Je crains trop les flots de la mer. — Oh ! n’appréhende rien, ma Catin, Le temps est beau et rassurant, N’appréhende rien et tout ira bien Car l’étoile du Nord nous conduit au compas, Les voiles sont hissées, les mats sont mirés, Nous pouvons donc appareiller. — Ô Dieu du ciel ! que je suis malheureuse, J’ai perdu mon amoureux ! Je le vois là-bas, je le vois qui s’en va, Je le perds de vue, je le voirai donc plus. Ô Dieu ! gouverne ces vaisseaux sur ces eaux, Ayez pitié d’ces braves matelots.
19.
Soldats, mousses et matelots, Arrivez tous à propos, Pour finir votre carrière Au fond de notre rivière. Lampez, lampez, camarades, Camarades lampez. Étaient-ce vos médecins Qui vous ordonnaient les bains ? Le long de notre rivage, Que de corps nus à la nage. Pour épargner votre vin Et vous rafraîchir le teint, L’Île-aux-Œufs de son eau pure Vous a fourni sans mesure. Si vous et vos généraux Avez avalé trop d’eau, Rejetez sur votre reine La raison de cette scène.
20.
C’est le général de Flipe Qui est parti de l’Angleterre Avecque trente-six voiles Et plus de mille hommes faits. Il croyait par sa vaillance Prendre la ville de Québec. A mouillé devant la ville Les plus beaux de ses vaisseaux, A mis la chaloupe à terre Avec un beau générau, C’est pour avertir la ville De se rendre vite au plus tôt : — Avant qu’il soye un quart d’heure, J’allons lui livrer l’assaut. C’est le général de ville Z-appela son franc canon : — Va-t-en dire à l’ambassade Qu’il nous en rendra raison. Va lui dire que ma réponse Est au bout de mes canons, Avant qu’il soye un quart d’heure, Nous danserons le rigaudon. C’est le général de Flipe A mis son monde à Beauport, Avec six pièces de campagne Pour lui servir de renfort. Mais le malheur qui l’accable, Qui ne l’a jamais quitté, Cent Français pleins de courage En ont détruit la moitié. C’est le général de Flipe S’est retourné dans Boston : — Va-t-en dire au roi Guillaume Que Québec lui’a fait faux bond, Car j’avons de la bonne poudre Et aussi de bons boulets, Des canons en abondance Au service des Français.
21.
Nous garderons la souvenance D’une tempête causant la mort, Qui fut l’une des plus violentes Dont plusieurs se rappellent encore, Qui s’est passée à Baie-Sainte-Anne, Petit village de pêcheurs, Où l’on ne devait pas s’attendre Ce jour-là de ce grand malheur. Au matin de ce grand naufrage, Le temps était de ce plus beau, Quand tout à coup ce fut l’orage, D’un vent qui bouleversait les flots. Les habitants de ce village Sont de ces fiers-e travailleurs, Qui ne craint le vent ni l’orage Qui fait parfois tant de malheurs. Ils sont partis, pleins de courage, Sur la mer pour gagner leur pain, Soudain la tempête fait rage Et trente-cinq subirent leur destin. Malgré le bruit d’une mer sombre Et du mugissement du vent, La voix de Dieu se fit entendre, En ce temps, rappelle ses enfants. — Ô mer, ô mer, tu y-es trompeuse, Disèrent plusieurs dans leur malheur, Parfois tu te montres enjôleuse, Mais maintenant tu brises nos cœurs. Dans les beaux jours tu nous enchantes, Tu nous donnes le cœur de chanter, Mais quand ta colère devient grande, De grands deuils tu nous fais porter. Tu laisses dans notre village Des veuves et plusieurs orphelins Et tant de malheurs innombrables, Mais toi tu ne regrettes rien. Voilà ma complainte qui s’achève Composée sur ces naufragés, Du jour lorsqu’ils quittaient la grève, La mort est venue les faucher. De l’heure jamais Dieu nous en parle Quand il viendera nous chercher, Comme un voleur, la mort s’empare De la vie qu’il nous a donnée. Ici-bas, la vie représente Un océan à traverser, Chacun de nous toujours s’avance Vers le port de l’Éternité.

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Serre l’Ecoute ! Drôle de nom* pour une équipe inattendue, du moins, sur les terres du chant maritime. En effet, rien ne laissait présager, dans nos vies musicales antérieures, que nous — Gabrielle Bouthillier, Liette Remon et Robert Bouthillier — ferions un jour, ensemble, dans le « chant de marins ». Parce que pour ce qui est de hisser la voile, de tenir la barre ou de briquer le pont, notre équipage fait plutôt bande de marins d’eau douce. Et pour ce qui est des chansons, entre deux Jean, notre cœur penchait plutôt, jusqu’à récemment, vers Renaud que vers François de Nantes…

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released June 1, 2002

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Liette Remon Québec

LIETTE REMON, originaire de Petit-Pabos sur le côté sud de la péninsule gaspésienne et fille de violoneux, oscille avec bonheur entre tradition, renaissance, moyen-âge et musique expérimentale. Elle est récipiendaire en 2010 du prix Innovation/Tradition qui vise particulièrement à souligner l’innovation et l’originalité dans la présentation publique d’une pratique culturelle. ... more

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